Avec les Peuls, il aborde un nouveau champ d'expression.
La force laisse place à une certaine fragilité.
Avec sa dernière création, Ousmane
Sow confère aux scènes de carnage une gravité et
une religiosité éloignées de toute volonté de
spectaculaire, qui n'est pas sans rappeler Guernica. De cette fameuse
bataille surgiront 24 guerriers et 11 chevaux.
Le produit, avec lequel sont construites ses sculptures,
a longuement été mis au point avec des colles et
des matériaux synthétiques divers. Il le laisse macérer
des années dans des bidons avant de l'utiliser, mêlé à des
lambeaux de toile de jute ou à de l'argile. De cette curieuse
charpie pétrie naît, peu à peu, la masse de
muscles et le fragile épiderme. En séchant tout cela
durcit.
Du crin pour les chevaux, de la filasse pour les
cheveux, des bouts de tissus, des bracelets ou de saccesoires empruntés
au qutodien, sont autant de signes plus plastiques que réalistes.
De cette légère distance avec l'exacte apparence
des modéles - Ousmane Sow n'a jamais fait "poser" de modéles
- il tire une force d'expression peu commune.
Ses personnages semblent dire en gestes simples,
la mémoire légendaire des peuples. Comme pour les
indiens, le cheval est, dans l'imaginaire africain, un protagoniste
essentiel.
Les visages expriment des sentiments profondément
humains, tels la colère, la peur, la tristesse, la sérénité.
Les bonheurs montrés sont des bonheurs menacés, les
luttes figurées renvoient à celles pour la survie
des cultures : Les Noubas sont massacrés au Soudan, les
grands peuples nomades s'épuisent en Afrique, la victorieuse
bataille de Little Big Horn fut assurément le chant du cygne
des nations indiennes.
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